Indécence audiovisuelle

Publié le par FranceHaïti

Une tribune dans "Libération" (cliquez ici) pose avec justesse la question des images. Une question que nous sommes nombreux à nous poser à chaque drame, à chaque guerre, à chaque séisme ou catastrophe naturelle : pourquoi diable peut-on montrer à la une des journaux, des sites web, en vidéo, les cadavres du Sud et jamais ceux du Nord ? Pourquoi n'avons-nous jamais vu, ou presque, un seul mort du 11-Septembre, de l'armée US en Irak et autre, alors que, dès qu'il s'agit de populations non-européennes, on y va à tire-larigot, on montre ceux qui pleurent, ceux qui saignent, ceux qui meurent ? Souvenons-nous du scandale créé aux USA il y a quelques années par de fugitives images vidéo de soldats US prisonniers de l'ennemi et simplement assis et menottés. Outrage ! dans le même temps, CNN et consort déversaient sur les ondes des tombereaux de cadavres Irakiens, sans que la ménagère du Texas ne s'en trouve offusquée. Aujourd'hui, avec Haïti, recommence la même histoire : faussement déconfit, le présentateur télé nous dit "attention, des images peuvent heurter". Et le téléspectateur peut jouer à se faire peur en contemplant ces cadavres d'ailleurs, en écoutant les pleurs et les cris. Imaginez que le même journal télé aille braquer sa caméra sur le bord de l'A6, en France, quand vient de se produire un accident de la route : les enfants morts, en gros plan, la mère qui pleure, et le père qui saigne et hurle tandis que les secours lui réduisent une fracture. Ignoble, non ? Toute la rédaction du journal télé serait pointée du doigt, le présentateur et son rédacteur en chef seraient obligés au mieux de s'excuser, au pire de démissionner, la famille pourrait porter plainte. Pourquoi, au nom du Ciel, serait-ce moins inconvenant ou moins grave quand ça se passe ailleurs ? 

Florent Masson 

Publié dans Opinions

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