Message du presbyterium du diocèse des Cayes au peuple haïtien et aux familles victimes du tremblement de terre.

Publié le par FranceHaïti

A l'heure où certains, comme le richissime télévangéliste américain Pat Robertson, qui confond dollars et bénédiction, voient dans le séisme d'Haïti une malédiction divine ou une punition (il a suscité dans son propre pays une vague de protestations sans précédent), il est bon de publier une déclaration comme celle-ci, qui replace les choses dans la lumière, apaise et éclaire :


Frères et sœurs en Jésus Christ, compatriotes haïtiens, l’Evêque du diocèse et  le presbyterium vous saluent et vous disent : Courage !

 
L’épreuve est rude : des personnes sont mortes, d’autres sont portées disparues, des maisons sont détruites.  Des édifices publics de l’Etat et de l’ Eglise ont succombé. Une chose : nous sommes là, bien vivants. Tenons le flambeau de l’espoir allumé !

 
Face à cette désolation, divers questionnements demeurent possibles. Croyant en Dieu, nos regards se tournent spontanément vers Dieu. Vivant selon les réflexes des gens de l’Ancien Testament, nous aurions pu avouer que nous payons nos fautes. Nous ne sommes pas de ce temps. La Parole de Dieu nous éclaire davantage. Dieu n’est pas pour nous torturer : «  Dieu a tellement aimé le monde qu’ il lui a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’ il ait la vie et la vie éternelle. Il n’ a pas envoyé son fils pour condamner le monde mais pour le délivrer » (Jn 3, 16-17)
Notre présente désolation n’est pas la conséquence d’une malédiction de Dieu.

 
La science nous montre que la nature a ses lois d’organisation au-delà de ce que l’ intelligence humaine peut faire pour la dompter.Aussi, nous apprend-elle que nous ne pouvons pas l’empêcher de se manifester et qu’au mieux nous pouvons limiter ses manifestations dans la gestion respectueuse du droit à la vie selon nos relations avec notre environnement, celui de notre pays. Ce tremblement de terre meutrier qui handicape notre population, qui réduit et anéantit notre espace vital nous fait ressentir un besoin urgent de nous solidariser.

 
Nous saluons les efforts individuels et particuliers des commis de l’Etat et de la communauté internationale, les dévouements des travailleurs de la santé, les organisations non-gouvernementales, les organismes de l’ Eglise catholique et nous citons: Caritas, Catholis Relief Service, la Société Saint-Vincent de Paul, Projet Espoir Sud, ceux des cultes réformés qui n’ont rien ménagé pour secourir les victimes.

 
De grands efforts sont consentis et déployés pour sortir des gens sous des structures de béton effondrées et pour permettre à ds blessés d’atteindre des centres de santé. Une forte prise de conscience est nécessaire de la part des gens du commerce pour ne pas augmenter le prix des produits; de la part des transporteurs face au prix du transport en commun; de la part des dstributeurs des produits pétroliers pour ne pas ni augmenter ni garder pour le marché noir ces produits. Nous félicitons l’ honnêteté et le sens de la solidarité de ces personnes qui agissent déjà en ce sens et nous sollicitons la bonne compréhension des individus réticents en ce sens.

 
Nous apprécions l’effort de solidarité de la communauté internationale et des organisations non-gouvernementales. Il est évident que la collaboration entre les peuples est toujours une valeur de haute qualité. Il faut s’en féliciter! Nous souhaitons que dans cette volonté qui se manifeste en nos dirigeants et parmi les pays qui veulent nous aider dans la reconstruction de notre pays, soit prise en compte très sérieusement la question de la décentralisation par la mise en place de structures et d’infrastructures nécessaires aidant à l’amélioration de la qualité de la vie des gens du pays: emplois, écoles allant du préscolaire à l’université, institutions autonomes pour la gestion des choses de l’Etat, proximité des services de l’Etat en faveur des citoyens, encouragements aux investissements publics et privés, construction de routes, de ports et d’aéoprts et dans tous les départements. Le tout en prenant en compte les modèles de développement qui cadrent à nos réalités haïtiennes et qui répondent aux exigences scientifiques de notre temps.

 
Le chemin est long, plusieurs peuvent s’essouffler. Plusieurs peuvent penser à l’immigration illégale. Le chemin est long, il sera difficile.

 
Nous avons besoin de la prière, de beaucoup de prières; non pas de celles qui accusent Dieu de nous avoir puni pour nos fautes; non pas de service religieux qui profite de la misère de notre peuple pour l’attirer dans nos assemblées, non pas d’un culte qui entretient la peur mais d’une prière d’un enfant à son père, d’ une prière éclairante et révélatrice sur ce et de ce que nous devons faire.

 
Que l’Esprit Saint nous éclaire en ces temps difficiles ! 
L’épreuve est rude : des personnes sont mortes, d’autres sont portées disparues, des maisons sont détruites.  Des édifices publics de l’Etat et de l’ Eglise ont succombé. Une chose : nous sommes là, bien vivants. Tenons le flambeau de l’espoir allumé !
Soyons solidaires pour rebâtir Haïti !

 
Traduction / Adaptation française de Michel Riquet Dorimain, MTh., M. A.
Directeur du Collège Jean-F. Brierre de Jérémie
Grand’ Anse, Haïti

Publié dans Communiqués

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